Avant la fin de l’ultimatum, Madrid et la Catalogne toujours dans l’impasse

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C’est jeudi 19 octobre 2017, à 10h précises, qu'expire l’ultimatum fixé par le gouvernement espagnol aux autorités catalanes. La veille, le gouvernement espagnol a explicitement brandi la menace d'une suspension de l'autonomie de la Catalogne si ses dirigeants séparatistes ne renoncent pas à déclarer l'indépendance. L’Espagne, qui connaît sa plus grave crise politique depuis la fin du franquisme, envisage encore tous les scénarios à quelques heures de la fin du compte à rebours. Cela va d’une dissolution du Parlement catalan par Carles Puigdemont à l’application de l’article 155 par le gouvernement de Mariano Rajoy.

Carles Puigdemont a jusqu’à 10 h ce matin, ce jeudi 19 octobre, pour écarter ouvertement une déclaration unilatérale d’indépendance. Si le président séparatiste catalan ne suit pas les indications du gouvernement espagnol, il « provoquera l’application de l’article 155 de la Constitution » qui permet de suspendre l’autonomie et donc à l’Etat central de reprendre la main sur les institutions catalanes. Soraya Saenz de Santamaria, la numéro deux du gouvernement espagnol, ne pouvait pas être plus claire ce mercredi.

Sauf qu’il semble peu probable que le président catalan recule. Les indépendantistes ont proposé à Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol, de se donner deux mois pour dialoguer et trouver une issue à cette crise. Proposition aussitôt rejetée par Madrid qui parle d’ouvrir un débat politique afin d’étudier dans les mois à venir une réforme de la Constitution espagnole et donc du statut des autonomies.

Le gouvernement espagnol est même prêt à aller plus loin, ce mercredi après-midi. Il laisse entendre qu’il est prêt à accepter la convocation de nouvelles élections régionales en Catalogne. Ce renouvellement du Parlement autonome, où les indépendantistes ont 72 députés sur 135, pourrait éventuellement être considéré comme un retour à la légalité. Sauf que, là encore, cette proposition du gouvernement espagnol n’a pas les faveurs des indépendantistes catalans.

L’Espagne se retrouve donc en présence d’un dialogue de sourds qui ne peut mener qu’à un aggravement de la crise entre les deux parties. D’autant que, comme l’explique, Gabriel Colomé, professeur de sciences politiques à l'université autonome de Barcelone, les deux dirigeants n’approchent même pas le débat avec la même définition de leurs rapports. « Monsieur Puigdemont demande le dialogue d’égal à égal avec le président du gouvernement espagnol. En plus, avec une médiation internationale, comme si nous étions dans une logique de conflit international, avec deux chefs d’Etat qui se réunissent. Dans la logique du gouvernement espagnol, qui défend la Constitution espagnole, ça n’a aucun sens qu’un président d’une communauté autonome leur demande de s’asseoir d’égal à égal. Parce qu’ils ne sont pas égaux. »

Mercredi, dans la soirée, Carles Puigdemont a rencontré la direction de son parti, le PDeCat (Parti démocrate européen catalan) pour discuter de la marche à suivre. Loin de le pousser à la tempérance, celui-ci l'a encouragé à déclarer l'indépendance en cas de refus de dialogue de Madrid, selon Marta Pascal, sa coordinatrice générale. Dans ce cas, le dirigeant catalan devrait dans la foulée convoquer l’élection d’une Assemblée constituante. C’est l’une des hypothèses envisagées dans le camp des indépendantistes. Si cette situation se fait jour il est difficile, voire impossible, de prédire ce qu’il se passera.