Côte d'Ivoire : les électeurs appelés à se prononcer sur la nouvelle Constitution

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Les électeurs ivoiriens sont invités dimanche à se prononcer sur le référendum qui prévoit une nouvelle Constitution pour le pays voulue par le président Alassane Ouattara. L'opposition conteste le scrutin et appelle au boycott.

Quelque 20 000 bureaux de vote ouvrent leur porte dimanche 30 octobre à 8h00 en Côte d’Ivoire. Les citoyens ivoiriens sont en effet appelés à se prononcer sur un projet de réforme constitutionnelle sur lequel compte le président Alassane Ouattara pour tourner définitivement la page de la guerre civile.

L'appel au boycott lancé par l'opposition, qui accuse le président d'avoir promu un texte à sa mesure pour renforcer son pouvoir, risque toutefois d'entacher le résultat et de rouvrir les plaies dans une société ivoirienne qui reste marquée par les longues et sanglantes crises qu'elle a traversées.

L’"ivoirité" en question

Le projet de constitution revient sur le concept "d'ivoirité" qui obligeait jusqu'ici les candidats à la magistrature suprême à être nés d'un père et d'une mère d'origine ivoirienne et propose la création d'une vice-présidence ainsi que d'un Sénat.

Le projet de Constitution entend également graver dans le marbre l'éducation obligatoire et l'égalité entre hommes et femmes.

Outre la suppression de la clause "d'ivoirité", l'opposition conteste la création d'un Sénat dont un tiers des membres seraient nommés par le chef de l'État. Elle reproche également au pouvoir d'avoir organisé le référendum avant les élections législatives de décembre.

Elle déplore enfin que les Ivoiriens n'aient eu que deux semaines à peine pour prendre connaissance du projet de 154 pages que le Parlement a approuvé le 11 octobre.

"Il y a une sorte de fait accompli", a regretté un diplomate basé à Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire. "On peut dire ce que l'on veut du texte, le processus aurait pu être plus transparent. C'est une occasion manquée."

Brice Brosse, un Ivoirien de 44 ans qui travaille dans le bâtiment, regrette lui aussi la hâte du pouvoir. "Je pense pas que ce référendum devrait avoir lieu. Ils l'ont forcé, et on ne connaît même pas le contenu". Et de poursuivre, "le fait que ça ne tire pas dans la rue ne veut pas dire que la guerre est finie. C'est comme le feu du volcan. C'est sous la surface, mais ça ne veut pas dire qu'il n'est pas là."

Circonspection des organisations de défense des droits de l’homme

De fait, faute de véritable débat public sur le projet de Constitution, les divisions nées de la guerre civile resurgissent à l'occasion du référendum. "Cette constitution concrétise la colonisation d'une grande partie de notre pays par les gens qui viennent d'ailleurs", a ainsi déclaré mercredi Innocent Anaki Kobena, ministre de Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien désormais incarcéré auprès de la Cour pénale internationale à La Haye.

Les organisations de défense des droits de l'homme regardent elles aussi le projet avec circonspection, notamment le fait que la Constitution puisse à l'avenir être modifiée avec l'appui des deux tiers du Parlement, une institution actuellement largement contrôlée par les partisans d'Alassane Ouattara. "Si un président a la majorité au Parlement, il peut faire ce qu'il veut avec la constitution. Ça, pour nous, c'est problématique", a déclaré Nathalie Kouakou Yao N'Guessan, présidente du bureau exécutif local d'Amnesty International.