Epidémie de peste à Madagascar: 4 questions

 |  Posted by Ashok Beeharry  |  0

Source: AFP/Le nouvel observateur

Panique à Madagascar. Depuis le mois d'août, une épidémie de peste touche la Grande Ile. 33 personnes sont décédées, ont annoncé jeudi les autorités malgaches, qui ont ordonné la fermeture pour désinfection des universités de la capitale Antananarivo et de Toamasina (à l'est du pays), deux régions particulièrement touchées. Comment la maladie s'est-elle répandu ? Quels sont les risques ? Tout ce qu'il faut savoir de l'épidémie.

C'est quoi déjà la peste ?

La peste est une zoonose bactérienne, indique l'Organisation mondiale de la santé (OMS). C'est-à-dire une maladie, provoquée par une bactérie, qui se transmet entre l'animal et l'homme. C'est un bacille (bactérie en forme de bâtonnet), le Yersinia pestis, qui est responsable de la peste. La maladie se transmet d’un animal à l’autre par les puces, puis ensuite à l'homme par "les piqûres de puces", la mise en contact "avec des liquides corporels infectieux" ou l'"inhalation de gouttelettes respiratoires venant d’un patient atteint de peste pulmonaire".

La peste a trois formes différentes. La plus récurrente est la peste bubonique, qui provoque l'inflammation puis l'ulcère des ganglions. Si l'infection n'est pas traitée et qu'elle gagne la circulation sanguine, la peste devient septicémique (saignements, nécrose des tissus). Plus rarement, la peste bubonique peut gagner les poumons - on parle alors d'une peste pulmonaire.

La maladie est très grave chez l’homme, notamment pour les formes septicémique et pulmonaire, "avec un taux de létalité de 30% à 100% en l’absence de traitement", estime l'OMS. Si elle est prise à temps, sa forme bubonique se soigne facilement, avec des antibiotiques. Mais "sa forme pneumonique – transmissible par la toux – peut être fatale en seulement 24 à 72 heures".

Comment la maladie a-t-elle resurgi à Madagascar ? 

En fait, la peste n'a jamais vraiment disparue. Elle est récurrente à Madagascar depuis 1980 sous ses formes bubonique et pulmonaire, où quelques centaines de cas annuels sont recensés, généralement à partir du mois de septembre. Selon l'OMS, elle se "développe dans les milieux où les conditions sanitaires sont mauvaises et les services de santé insuffisants". 

La différence cette année, c'est que l'épidémie a débuté dès août et s'est propagée "aux grandes zones urbaines, contrairement aux précédentes épidémies", rapporte l'OMS. Le premier décès a eu lieu le 28 août. La victime, qui avait contracté la maladie à Ankazobe (centre), est décédée dans un taxi-brousse dans la ville de Moramanga (est) en essayant de rejoindre Tamatave, une ville de la côte est. En chemin, elle a contaminé deux passagers, décédés à Tamatave début septembre. Et ainsi de suite...

Y a-t-il un risque de propagation élevé ? 

Jeudi, les autorités malgaches estimaient que 231 personnes avaient contracté la maladie depuis le début de l'épidémie. Parmi elles, 33 en sont mortes.

L'OMS a dit mardi craindre fortement que l'épidémie de peste se propage au reste du pays. Pour Christian Lindmeier, porte-parole de l'organisation :

"Le risque de propagation [de la peste, NDLR] est élevé au niveau national (...) car elle est déjà présente dans plusieurs villes et c'est seulement le début de la saison de l'épidémie."

Au niveau régional, le risque reste modéré, estime l'OMS. Néanmoins, "le risque d'une propagation de la peste aux îles voisines, La Réunion et Mayotte, est pris très au sérieux par la gouvernement", rapporte la 1ère. La ministre de la Santé Agnès Buzyn, de retour de Mayotte, s'est dit mercredi "inquiète", ajoutant que "des mesures" avaient été prises, "notamment à Mayotte".

Au niveau international, l'OMS qualifie le risque de propagation de la peste de "faible". L'institution ne préconise d'ailleurs aucune restriction de voyage ou de commerce avec Madagascar.

Qu'est-ce qui est mis en place pour éviter la contagion ?

Plusieurs mesures inédites sont mises en place par le gouvernement malgache. Toutes les réunions publiques dans la capitale sont ainsi interdites depuis fin septembre. Des barrages sanitaires aux portes de la capitale ont aussi été installés pour informer les usagers des taxis-brousse qui desservent les villes côtières.

Jeudi 5 octobre, les autorités malgaches ont ordonné la fermeture pour désinfection des universités de la capitale Antananarivo et de Toamasina (est), deux régions particulièrement touchées. Le campus de la capitale ne sera rouvert aux étudiants que la semaine prochaine.

Les autorités multiplient également les démonstrations de poses de pièges à rats ou les opérations de pulvérisation d'insecticides. Un numéro d'information gratuit est par ailleurs mis à disposition du public.

Le ministère de la Santé concentre aussi ses "efforts à combattre Facebook, car il y a trop de désinformation qui circule sur les réseaux sociaux et ça crée la panique". 

Plutôt que de porter un masque, le ministère de la Santé conseille à la population de ne pas se parler en face à face et surtout d'aller vers l'hôpital le plus proche aux premiers symptômes.