Remy Ollier,la sentinelle metis !

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histoire

Rémy Ollier,la sentinelle métis !

 

Le 6 octobre prochain,l’île Maurice doit se souvenir de Rémy Ollier,la sentinelle métis.S’il y  a une rue à Port-Louis et une école qui porte son illustre nom,nombre d’entre nous ne savent pas vraiment qui était cet homme,mort à 28 ans,après avoir été un météore dans le paysage de notre île.

Il est né le 6 octobre 1816,à Beau-Vallon,Grand Port.Son père était Bénoît Ollier,un capitaine d’artillerie,et sa mère Julie,une ancienne esclave.Rémy Ollier entrera dans l’histoire de son pays,le 8 Avril 1843,au lendemain d’une représentation de la pièce « Antony »,d’Alexandre Dumas,à Maurice.Les « bien-pensants » de l’époque furent outragés qu’une pièce de « nègre » ait été jouée au théâtre de Port-Louis.Ollier écrivit donc une mise au point pour leur répondre.Mais les journaux de l’époque,Le Cernéen et Le Mauricien, lui refusèrent ce droit.Il créa donc La Sentinelle,et y publia sa missive.

Dès lors,plus rien n’arrêtera Ollier.Il devient journaliste « pour faire progresser la société ».Comme l’écrivait Utama Bissoondoyal,dans l’homme rendu à Ollier par Jean-Georges Prosper, »la dignité humaine était la considération première de Ollier ».A titre d’exemple,sait-on que Ollier prit position pour les engagés Indiens maltraités au Vagrant Depot et  à l’hôpital militaire qui jouxtait cette prison ? Il milita aussi pour l’ouverture d’une hospice pour les enfants démunis et abandonnés,s’éleva contre la peine de mort,après l’exécution de Cassim à la Plaine Verte, et fut à l’origine de la création de la  municipalité de Port-Louis.

Et last but not least,si Sir Seewoosagur Ramgoolam est présenté comme le père de l’éducation gratuite,hommage doit être rendu à Ollier.C’est lui qui obtint que le Collège Royal fut ouvert aux non-Blancs.De même que la Bourse d’Angleterre.Si ces deux choses n’étaient pas devenues réalité,même Sir Seewoosagur Ramgoolam n’aurait pu être scolarisé au collège Royal !

C’est dire l’importance historique de Rémy Ollier,dont un buste,œuvre de Maurice Loumeau,trône fièrement au jardin de la Compagnie,à Port-Louis.Si les tribuns d’antan ont reconnu la valeur de cet homme,la nouvelle génération se doit se savoir qui était vraiment Ollier.Il était très connu du père Jacques Désiré Laval,le curé de Sainte Croix et l’apôtre des Noirs.C’est lui qui baptisa Benoît Ogé Ollier,le fils que Rémy eut avec Louise Adrienne Féret.Désormais établis  dans la capitale,à la rue des Limites notamment,ils ouvriront un pensionnat où ils donneront des cours de français aux jeunes filles de l’époque.

Rémy Ollier a eu quatre biographies à son nom.Entre autres,ceux écrits par   Van Meerbeck,de O. Bijoux  de Marcel Cabon.Le docteur Jean-Georges Prosper lui consacra également un ouvrage.Il est intéressant de noter que des ressemblancs entre la vie d’Ollier et l’intrigue de « Georges »,roman d’Alexandre Dumas,existent.Selon la défunte historienne Lilian Berthelot,Dumas se serait grandement inspiré de la vie d’Ollier pour évoquer son « Georges ».Le roman sortait d’ailleurs en 1843,année où Ollier devint un personnage public,après avoir pris position pour « Antony »,la pièce de…Dumas !

De plus,l’histoire de « Georges » se déroule dans notre île.Et devient de ce fait le second roman,après « Paul et Virginie »,à évoquer l’île Maurice.Ce qui n’est pas rien,littérairement parlant ! Selon Madame Berthelot,Dumas fut « aidé » par Félicien Mallefille,ou par Moïse Bruhls,un proche collaborateur d’Ollier.En 1843,Ollier a d’ailleurs 26 ans,l’âge de Georges.Cette thèse fut l’objet d’une causerie faite par Lilian Berthelot,en Août 1989,à l’occasion du colloque sur « Lîle Maurice et la révolution française ».

« Le passé ne nous appartient pas.Nous ne pouvons le réparer,mais il doit servir d’exemple au présent pour améliorer l’avenir. » Ainsi parlait Ollier,dont La Sentinelle était son « fouet à mille branches »,pour fustiger les injustices de son temps.Il serait mort d’une inflammation des intestins,après avoir bu une eau sucrée « qui avait un goût amer »,selon son épouse.Gênait-il les puissants de son époque ? Sûrement.Aura-t-il été empoisonné ? Il meurt le 26 janvier 1845,laissant un fils qui deviendra plus tard avocat.

La tombe de Ollier se trouve au cimetière de L’Ouest,à Les Salines,un quartier où il a aussi habité.Le 6 octobre,les Mauriciens doivent se faire un devoir de se souvenir de Rémy Ollier !