Un sommet sino-taïwanais samedi, une première depuis 1949.

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Les présidents chinois Xi Jinping et taïwanais Ma Ying-jeou se rencontreront samedi à Singapour, a annoncé, mercredi 4 novembre, Taïwan. Il s’agira de la première rencontre entre dirigeants des deux entités depuis la fin de la guerre civile en 1949, marquée par la victoire des communistes en Chine continentale et le retrait des nationalistes sur l’ancienne Formose. La tenue du sommet a été confirmée mercredi à Pékin par Chine nouvelle, l’agence de presse officielle du régime communiste.

Le Bureau des affaires taïwanaises précise que cette rencontre est le fruit d’un « accord pragmatique » conforme au « principe d’une seule Chine » résumant la position des autorités chinoises, qui ne reconnaissent pas l’indépendance de Taïwan. Selon la présidence taïwanaise, l’objectif du voyage de M. Ma à Singapour est « de consolider la paix de part et d’autre du détroit et de maintenir le statu quo ». Aucun accord ne doit cependant être signé, ni de déclaration commune diffusée pendant ce déplacement.

Ce sommet intervient dans une période sensible sur le plan politique à Taïwan, où auront lieu des élections présidentielle et législatives le 16 janvier. Le Parti nationaliste de Ma Ying-jeou, ou Kouomintang, est devancé dans les sondages par le Parti démocrate progressiste, principale formation de l’opposition, traditionnellement favorable au maintien du statu quo avec Pékin, et cible du Parti communiste chinois. L’opposition, inquiète de ces discussions bilatérales prévues samedi, a déjà appelé à une manifestation mercredi devant le parlement taïwanais.

Les relations entre les deux entités se sont quelque peu apaisées depuis l’élection, en 2008, du président Ma Ying-jeou. Cet artisan de la renaissance du parti Kouomintang (KMT) – l’ancien ennemi nationaliste – a été réélu en 2012 et est favorable à des liens avec la Chine continentale. Il s’emploie depuis 2010 à réchauffer des relations jusqu’alors exécrables avec la Chine, qui considère toujours cette île comme une province sécessionniste qu’elle s’estime en droit de reprendre, par la force si nécessaire. Le Kouomintang a ainsi porté des négociations commerciales qui ont débouché sur la signature en juin 2010 d’un accord-cadre de coopération économique avec Pékin : une étape décisive sur la voie du dégel.

Mais nombre de Taïwanais voient cet accord d’un mauvais œil, craignant de voir l’industrie et l’agriculture locales ployer sous le poids du géant chinois. L’opinion publique à Taïwan est d’ailleurs devenue hostile à des relations plus étroites avec la Chine.

Sur le plan diplomatique, les relations sino-taïwanaises restent marquées par la défiance malgré le dialogue noué en 2011. Illustration de ces rapports toujours difficiles, Pékin a récemment rejeté la candidature de Taïwan à la nouvelle Banque asiatique d’investissement, indiquant que ce pays, dont le nom officiel est République de Chine, pourrait être candidat dans un second temps, « sous une appellation appropriée ». De plus, le président chinois Xi Jinping a rappelé en mai dernier qu’il n’y avait qu’une « seule Chine » et des « compatriotes taïwanais ».