Raid contre un convoi humanitaire en Syrie : le ton monte entre Washington et Moscou

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Alors que la communauté internationale, réunie à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU, semble impuissante face à la crise syrienne, États-Unis et Russie continuent à s'écharper sur le raid aérien mené contre un convoi humanitaire.

Réunie à New York pour la grand-messe de l'Assemblée générale de l'ONU, la communauté internationale assiste impuissante à l'échec de la diplomatie et à la reprise des violences en Syrie, après le cessez-le-feu péniblement imposé par Washington et Moscou.

Mardi 20 septembre, le ton est encore monté entre les États-Unis et la Russie à propos de la frappe aérienne meurtrière menée lundi près d'Alep contre un convoi humanitaire. La Maison Blanche a affirmé qu'elle tenait "le gouvernement russe pour responsable" de ce bombardement, soulignant que seuls Moscou ou le régime syrien pouvaient en être à l'origine.

Plus précis dans ses accusations, un responsable américain anonyme a confié que selon "notre meilleure estimation [...] ce sont les Russes qui ont mené cette frappe" et que deux bombardiers russes SU-24 étaient sur la zone au même moment. L'opposition politique syrienne a aussi montré du doigt Moscou et son protégé, le régime de Damas.

Environ 20 personnes, dont un responsable du Croissant-Rouge, ont trouvé la mort dans cette attaque, la plus meurtrière en Syrie contre un convoi humanitaire depuis 2011. Le raid a entraîné la suspension de l'acheminement par camions de l'aide de l'ONU qui avait à peine démarré.

La diplomatie russe a aussitôt condamné "avec indignation et colère" des allégations "sans fondement et hâtives", faites par des "protecteurs de terroristes et de bandits".

Sur le théâtre de guerre, les violences ont repris de plus belle au lendemain de l'annonce par l'armée syrienne que le cessez-le-feu, péniblement imposé par Washington et Moscou il y une semaine, avait pris "fin".

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins 27 barils explosifs, l'arme de prédilection du régime de Damas, ont été largués sur Alep mardi matin. Dans la ville et dans la province, au moins 39 civils ont été tués depuis lundi, selon l'ONG syrienne. De fait, la trêve, fruit d'un énième accord américano-russe scellé à Genève le 9 septembre, a fait long feu, même si les dirigeants mondiaux réunis à l'ONU ont tenté de se convaincre du contraire et multiplié les déclarations d'intention.

Pour son ultime discours à la tribune des Nations unies, le président américain Barack Obama s'est borné à promettre de "poursuivre le difficile travail de la diplomatie" sur le conflit syrien. Il quittera le pouvoir le 20 janvier en ayant refusé pendant quatre ans toute intervention militaire d'envergure au Moyen-Orient.

Son homologue français François Hollande, qui comptait à l'été 2013 sur des frappes américano-françaises contre le régime du président Bachar al-Assad, avant que Barack Obama se ravise, s'est exclamé devant l'ONU : "Ça suffit !".

Au même moment, un dirigeant de l'opposition syrienne, Riad Hijab, dénonçait à New York "la faiblesse totale" de la communauté internationale face à une guerre qui s'est internationalisée et complexifiée depuis mars 2011, avec plus de 300 000 morts, des millions de réfugiés, une crise humanitaire au Moyen-Orient et en Europe et une Syrie en partie détruite.

"Le cessez-le-feu n'est pas mort", a pourtant assuré le secrétaire d'État américain John Kerry après une réunion dans un palace new-yorkais du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), rassemblant depuis un an 23 pays et organisations internationales. Mais le GISS n'a fait aucune annonce après une heure de discussions "dans une ambiance dramatique et lourde", selon le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault.

John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov devraient se revoir cette semaine et le GISS se réunira de nouveau probablement vendredi, ont indiqué des diplomates.